Chapitre 1: l’église d’Auménancourt le Grand
Dans l’héritage du regroupement des trois villages en 1967 et 1972, nous comptons trois églises dont nous allons découvrir l’Histoire et les particularités à travers une série d’articles du bulletin communal.
L’église d’Auménancourt le Grand
C’est la seule des trois églises qui reste destinée au culte dans la nouvelle organisation paroissiale (Janvier 2020) intitulée « Espace missionnaire de la Suippe ». Cette église de la fin du 12ème siècle a enregistré des modifications au fur et à mesure du temps mais a été peu endommagée lors de la guerre 14-18 où elle a servi probablement de casernement ou d’hôpital à l’armée allemande. Elle est dédiée à Saint Firmin, 1er évêque d’Amiens et martyr de l’occupant romain au début du 4ème siècle. Ses reliques, sans approbation, sont conservées dans une petite chasse en cuivre doré sur un des autels du transept près de la sacristie.
L’église possède classiquement une nef, un transept (les 2 formant une croix) et un chevet, prolongation de la nef où se trouvait l’ancien autel.
Visite des extérieurs de l’église
La façade Ouest est occupée par le portail et date du 12ème siècle avec des remaniements jusque récemment. L’étage inférieur, l’archivolte en tierspoint (ogive encadrant le portail) et la chaîne d’angle de la façade sont en pierre ; l’étage supérieur est en craie et les pentes des pignons sont en briques rouges. Des réparations ont été effectuées en 1912 (plaque en haut du pignon) par Elisé Le Rouge maçon à Auménancourt le Grand.
Des colonnettes à chapiteaux ornés de feuilles encadrent un portail surmonté d’un tympan (imposte) vitré. A droite se trouve un petit bénitier taillé dans la pierre et au-dessus s’ouvre un grand oculus (rosace) entouré de billettes et vitré. Jusqu’en 1911 plus au dessus une ouverture rectangulaire donnait sur les combles.
La nef laisse apparaître en partie Sud comme au Nord la trace de cinq grandes arcades en tiers-point qui ouvraient sur des bas-côtés supprimés à la fin du 18ème siècle, période durant laquelle une porte latérale côté Nord (1786, au-dessus du linteau) a été ouverte près du transept. Les mêmes matériaux composent cet ensemble.
Le transept. Le croisillon Nord dévoile une arcade cintrée bouchée près de la porte latérale et en façade Nord une fenêtre cintrée non primitive. Le croisillon Sud est percé au Sud d’une fenêtre primitive et à l’angle du chevet-transept, une sacristie a été accolée après coup.
La tour qui renferme le clocher est carrée et construite en craie. Elle a été remaniée après la guerre 14-18 avec plusieurs ouvertures cintrées et vitrées côté Est et Ouest et toujours 2 ouvertures carrées côté Nord et une ouverture carrée libre côté Sud.
Le chevet, en prolongement de la nef à l’Est, se termine en carré et présente une fenêtre en tierspoint ouverte au 16ème siècle. De chaque côté du chevet sont percées de petites fenêtres primitives.
Visite de l’intérieur de l’église
Sa longueur totale intérieure est de 26 mètres, la largeur de la nef et du chœur est de 5 mètres et celle du transept est de 21 mètres. L’église a été repeinte et carrelée en 1970.
La nef est recouverte d’un plafond éclairé par 10 fenêtres hautes cintrées ; au mur sont fixées 4 statues représentant St Joseph et Ste Marie au Sud et St Eloi et St Antoine de Padoue au Nord. Des fonds baptismaux sans caractère sont situés à l’entrée gauche de la nef où l’on pénètre par un sas lambrissé. Les 14 stations du chemin de croix posées sur les murs de chaque côté de la nef ont été bénis le 10 février 1929 en présence d’Arthur Baudesson, maire, et de nombreux paroissiens.
Le transept. Quatre arcades en tiers-point s’ouvrent sur les croisillons Sud et Nord du transept et sur la nef et le chevet. Ils sont surmontés d’une voûte en ogive dont les quatre branches reposent sur quatre colonnes munies de chapiteaux à feuilles d’acanthe et d’iris de la fin du 12ème siècle.
Le chevet est carré et recouvert d’une voûte en ogive à six branches semblables à celles du carré du transept. Cette voûte a été refaite à l’identique en 1887 à la suite d’un effondrement. La fenêtre du fond à l’Est élargie au 16ème siècle porte des vitraux de 1886 provenant de l’atelier Vermonet Pommery de Reims représentant le renouvellement des promesses du baptême et la messe de Pâques. Sur les côtés, 4 petites fenêtres d’origine en tiers-point sont munies de vitraux formés de petits carreaux colorés.
Le mobilier. On notera que l’ancien maître autel en pierre de type gothique positionné jusque dans les années 50 dans le chevet n’existe plus. A sa place a été posé en 1990, l’immense Christ en croix provenant de l’église de Pontgivart au moment de sa désacralisation. Cette sculpture magistrale non signée a été faite d’un tronc brut ; elle pourrait être l’œuvre d’un soldat allemand occupant au moment de la guerre 14-18. En dehors des statues déjà citées et des reliques de St Firmin d’autres statues peintes sans intérêt particulier se retrouvent dans le transept : Ste Thérèse de Lisieux, St Firmin et Ste Thérèse d’Avila (fondatrice du Carmel).
La cloche. L’ancienne clochenommée « Félicité » a été emportée et fondue par les allemands en 1916. Elle a été remplacée par « Cécile, Marguerite, Marie » bénie le 6 Mai 1923.
Elle a eu pour marraine, Jeanne Cécile Carré épouse Guillaume et Paul Clovis Bonnet pour parrain.
A la différence des autres villages de la commune, le cimetière d’Auménancourt le Grand entoure l’église et on y retrouve des tombes très anciennes.
Non loin de là sur la place se trouve la fontaine St Firmin qui a donné lieu autrefois à de nombreux pèlerinages.
Thierry SARAZIN
Bibliographie : Jadart-Demaison 1898 répertoire archéologique du canton de Bourgogne
Charles Poulain 1997 et 2011, notes complémentaires.